{"id":35785,"date":"2023-05-14T11:45:41","date_gmt":"2023-05-14T09:45:41","guid":{"rendered":"https:\/\/travesiapirenaica.com\/?p=35785"},"modified":"2024-11-15T11:08:26","modified_gmt":"2024-11-15T10:08:26","slug":"premiere-tour-de-galayos","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/travesiapirenaica.com\/fr\/premiere-tour-de-galayos\/","title":{"rendered":"90 ans depuis la premi\u00e8re ascension du Torre\u00f3n de los Galayos."},"content":{"rendered":"
La premi\u00e8re ascension du Torre\u00f3n de los Galayos a \u00e9t\u00e9 r\u00e9alis\u00e9e le 14 mai 1933 dans la face ouest par les \"pe\u00f1alaros\" Te\u00f3genes D\u00edaz et Ricardo Rubio.<\/font><\/p>\n\n\n\n Le Torre\u00f3n, la fl\u00e8che la plus embl\u00e9matique des Galayos, est une ic\u00f4ne de l'alpinisme espagnol.<\/strong><\/p>\n\n\n\n Le Torre\u00f3n de los Galayos, anciennement connu sous le nom de Torre ou Pil\u00f3n, est la fl\u00e8che la plus embl\u00e9matique et la plus singuli\u00e8re de toutes celles qui composent le Galayar, dans la r\u00e9gion de l'Algarve. Sierra de Gredos<\/a>.<\/p>\n\n\n\n Bien plus qu'une majestueuse colonne verticale de granit, le Torre\u00f3n est l'un des sommets les plus embl\u00e9matiques de la p\u00e9ninsule ib\u00e9rique, comparable seulement au Cavall Bernat \u00e0 Montserrat ou au Picu Urriellu lui-m\u00eame. Ce n'est pas pour rien qu'il a \u00e9t\u00e9 choisi pour illustrer les armoiries de la F\u00e9d\u00e9ration espagnole d'alpinisme.<\/p>\n\n\n\n Comme il ne pouvait en \u00eatre autrement, sa silhouette individualis\u00e9e et verticale \u00e0 tout point de vue lui a rapidement valu le qualificatif de \"pic inaccessible\", comme en t\u00e9moignent les \u00e9crits d'illustres noms tels qu'Antonio Victoy, Eduardo Schmidt et les fr\u00e8res Com\u00edn, pionniers de l'alpinisme dans la r\u00e9gion au d\u00e9but du XXe si\u00e8cle.<\/p>\n\n\n\n La grande corde Te\u00f3genes-Rubio-Tresaco<\/strong><\/p>\n\n\n\n L'\u00e9quipe form\u00e9e par Te\u00f3genes D\u00edaz, Ricardo Rubio et \u00c1ngel Tresaco, au d\u00e9but des ann\u00e9es 1930, fut l'une des plus prolifiques de l'alpinisme national de l'\u00e9poque. Il s'agit d'une p\u00e9riode turbulente marqu\u00e9e par l'\u00e9clatement de la guerre civile espagnole, qui signifiera finalement une longue parenth\u00e8se, presque la fin, de la carri\u00e8re d'alpiniste de nos protagonistes.<\/p>\n\n\n\n Tresaco et Rubio s'\u00e9taient rencontr\u00e9s au sein du club de Pe\u00f1alara et avaient commenc\u00e9 \u00e0 grimper ensemble, lorsqu'au cours d'une de leurs excursions \u00e0 la Pedriza del Manzanares, ils rencontr\u00e8rent Te\u00f3genes au refuge Giner de los R\u00edos. C'est \u00e0 partir de ce moment, en 1930, qu'ils formeront tous les trois une \u00e9quipe unique et in\u00e9galable qui, entre autres exploits, r\u00e9alisera plusieurs premi\u00e8res ascensions telles que la premi\u00e8re ascension en solitaire du Segundo Hermanito del Circo de Gredos (Teo, 1931), la premi\u00e8re ascension du Tercer Hermanito (Teo et Tresaco, 1931), la r\u00e9p\u00e9tition en solitaire et sans corde de la voie du Paso Horizontal au Naranjo de Bulnes (Rubio, 1932), premi\u00e8re au Torre\u00f3n de los Galayos (Teo et Rubio, 1933), premi\u00e8re au sud du Torre\u00f3n (Teo, Tresaco, Herreros, Mato et Orgaz, 1933), au sud du P\u00e1jaro dans la Pedriza par une voie plus directe (Teo, Tresaco et Mato, 1934) ou la sixi\u00e8me r\u00e9p\u00e9tition au couloir de Gaube ouvrant la sortie par les Jumeaux au Pit\u00f3n Carr\u00e9, connue sous le nom de Variante de los Espa\u00f1oles (Teo, Tresaco et Foliot, 1935).<\/p>\n\n\n\n Le d\u00e9clenchement de la guerre civile en 1936 a marqu\u00e9 la fin de ce t\u00e9l\u00e9ph\u00e9rique l\u00e9gendaire.<\/strong><\/p>\n\n\n\n La guerre civile espagnole a marqu\u00e9 la fin de cette cha\u00eene de montagnes l\u00e9gendaire qui, \u00e0 cette \u00e9poque, faisait partie du Bataillon alpin, charg\u00e9 de d\u00e9fendre les positions r\u00e9publicaines dans le Guadarrama.<\/p>\n\n\n\n Rubio et Tresaco ont quitt\u00e9 le milieu de l'alpinisme apr\u00e8s la guerre civile et n'ont pas repris l'escalade comme avant. Tresaco est all\u00e9 vivre \u00e0 Bilbao, puis \u00e0 Burgos. Ricardo, bless\u00e9 \u00e0 la fin de la guerre pr\u00e8s du col de Malagosto, revint en 1980, \u00e0 l'\u00e2ge de 77 ans, pour rejoindre le GAM Pe\u00f1alara. <\/p>\n\n\n\n Teo, commissaire politique et l'un des responsables de l'organisation du bataillon, a \u00e9t\u00e9 captur\u00e9 \u00e0 la fin de la guerre et condamn\u00e9 \u00e0 mort, peine qu'il a pu commuer en prison \u00e0 vie dans la Vall\u00e9e des Tomb\u00e9s gr\u00e2ce \u00e0 l'intercession d'un ami pr\u00eatre, ancien client de la marbrerie o\u00f9 il travaillait avant le d\u00e9but de la guerre.<\/p>\n\n\n\n Dans les ann\u00e9es 1950, ayant rachet\u00e9 sa peine, Teo eut le courage de reprendre l'activit\u00e9 et d'ouvrir une nouvelle voie encore plus difficile au Tercer Hermanito, de r\u00e9p\u00e9ter le couloir de Gaube, d'ouvrir en 1952 la variante Carletto-Te\u00f3genes \u00e0 la Pe\u00f1a Santa, une montagne qui lui avait r\u00e9sist\u00e9 en 1935 et que Tresaco, en raison de probl\u00e8mes de sant\u00e9, avait renonc\u00e9 \u00e0 essayer \u00e0 nouveau, ou d'ouvrir en 1958 une nouvelle voie dans la face sud du Naranjo de Bulnes (la voie par laquelle Schulze \u00e9tait descendu en 1906).<\/p>\n\n\n\n L'ascension du Torre\u00f3n est sans aucun doute l'une des grandes \u00e9tapes de l'alpinisme espagnol.<\/strong><\/p>\n\n\n\n L'ascension du Torre\u00f3n de los Galayos par Te\u00f3genes D\u00edaz et Ricardo Rubio est l'un des \u00e9pisodes les plus marquants de l'histoire de l'alpinisme espagnol et marque le d\u00e9but de l'escalade difficile \u00e0 Los Galayos.<\/p>\n\n\n\n C'est l'\u00e9poque o\u00f9 les moyens techniques d'escalade se limitent \u00e0 l'utilisation d'abarcas, cordes de chanvre d'\u00e0 peine 20 m\u00e8tres, et o\u00f9 l'on n'a pas encore install\u00e9 de piquets pour s\u00e9curiser la progression. En Espagne, elles commenceront \u00e0 \u00eatre utilis\u00e9es quelques semaines plus tard, lors de la premi\u00e8re r\u00e9p\u00e9tition du Torre\u00f3n par Tresaco (\u00e0 l'exception de celles utilis\u00e9es par Schulze sur le Naranjo en 1906).<\/p>\n\n\n\n La voie suivie par Te\u00f3genes et Rubio lors de la premi\u00e8re ascension n'est pas la plus populaire aujourd'hui. \u00c0 l'\u00e9poque, ils n'avaient pas de chaussons d'escalade ni aucun des autres moyens que nous connaissons aujourd'hui, mais ils savaient encastrer les mains, les pieds, les bras, les genoux et tout ce qui \u00e9tait n\u00e9cessaire. C'est probablement la raison pour laquelle la plupart des grimpeurs qui escaladent aujourd'hui le Torre\u00f3n choisissent la voie de la face sud, ouverte quelques semaines plus tard par Teo, Tresaco, Herreros, Mato et Orgaz et qui a d\u00fb attendre 1947 pour \u00eatre ouverte depuis la base (la directe sud, V) par Florencio Fuentes, Foliot et A. Rojas. Pour faire l'ascension de l'Ouest, il est normal aujourd'hui de la combiner dans la premi\u00e8re moiti\u00e9 avec l'Underground (V) ou le Sol Galilea (IV). <\/p>\n\n\n\n Le r\u00e9cit de cette premi\u00e8re ascension par Te\u00f3genes D\u00edaz, qui avait un talent d'\u00e9crivain, a \u00e9t\u00e9 recueilli \u00e0 plusieurs reprises dans des livres et des revues, mais nous avons aussi la chance que l'original publi\u00e9 en 1933 dans la revue Pe\u00f1alara soit disponible en ligne. \u00c0 la fin de l'article, nous vous laissons le lien et la mani\u00e8re de le trouver.<\/p>\n\n\n\n Cela commence ainsi :\"Ayant entendu parler par certains \"pe\u00f1alaros\" de l'existence d'une tour \u00e0 Los Galayos, consid\u00e9r\u00e9e comme inaccessible \u00e0 premi\u00e8re vue en raison de son aspect imposant et de son isolement total, mes deux amis, \u00c1ngel Tresaco et Ricardo Rubio, ainsi que l'auteur de ces pages, ont d\u00e9cid\u00e9 de tenter l'exp\u00e9rience. Des obligations professionnelles ont emp\u00each\u00e9 le premier de se joindre \u00e0 nous\".<\/em>.<\/p>\n\n\n\n Apparemment, l'id\u00e9e d'escalader le Torre\u00f3n est n\u00e9e alors que Teo et Ricardo descendaient en rappel du dixi\u00e8me \u00e9tage de l'immeuble du t\u00e9l\u00e9phone pour effectuer des r\u00e9parations. Ricardo \u00e9tait alors \u00e0 l'arr\u00eat et Teo lui avait demand\u00e9 de l'aider.<\/p>\n\n\n\n Apr\u00e8s cela, quelques voyages pour conna\u00eetre l'endroit et quelques escalades dans la r\u00e9gion suffisent \u00e0 Te\u00f3genes pour prendre le car Madrid-Arenas le 13 mai 1933 et rejoindre son ami Ricardo qui, comme d'habitude, avait fait le voyage en bicyclette depuis Madrid, d'o\u00f9 il \u00e9tait parti la veille.<\/p>\n\n\n\n D'Arenas, ils se dirigent sous un soleil de plomb vers Guisando pour continuer vers Nogal del Barranco, o\u00f9 ils s'arr\u00eatent pour se baigner dans la rivi\u00e8re qui descend de l'Apretura. C'est le mois de mai et les cr\u00eates de Galayar sont encore parsem\u00e9es de gros n\u00e9v\u00e9s, \u00e9crit Teo. L'apr\u00e8s-midi, ils montent en dessous du premier galayo, o\u00f9 ils s'arr\u00eatent pour la nuit et mangent des pommes de terre. Un peu d'herbe fra\u00eechement coup\u00e9e leur servira de matelas.<\/p>\n\n\n\n Le lendemain \u00e0 l'aube, Teo \u00e9crit : \"L'AUBE - J'ai ouvert les yeux \u00e0 ce moment o\u00f9 la lumi\u00e8re diffuse, comme si elle craignait de d\u00e9chirer les ombres, fait son apparition sur la terre ; c'est l'aube et je suis avec attention le processus de la lumi\u00e8re ; les sommets que je contemple se transforment, ils reviennent \u00e0 la vie et sont remplis de lumi\u00e8re et de joie \u00e0 la seule caresse du soleil, qui les sort de leur stagnation. Ce spectacle de la nature contient tant de beaut\u00e9 et de dynamisme que la r\u00e9tine humaine ne peut le saisir dans sa totalit\u00e9, et c'est la pens\u00e9e qui s'envole et s'\u00e9l\u00e8ve vers l'infini\".<\/em>.<\/p>\n\n\n\n Apr\u00e8s un petit d\u00e9jeuner sobre compos\u00e9 de chocolat, de pain et de beurre, Ricardo et Teo remontent le canal Aguja Negra jusqu'\u00e0 une bifurcation qui m\u00e8ne \u00e0 l'Apretura (le versant o\u00f9 se trouve aujourd'hui la cabane de la Victoire) et qui s\u00e9pare ce qui s'appellera plus tard Punta Innominata et Punta Lirios.<\/p>\n\n\n\n De l\u00e0, ils entament une travers\u00e9e horizontale et une escalade qui les m\u00e8nent \u00e0 une autre bifurcation. Ils montent sur un petit sommet pour mieux voir et constater l'impossibilit\u00e9 d'une premi\u00e8re ligne qu'ils convoitent. Un rappel de 20 m\u00e8tres les laisse sur une plate-forme au pied de laquelle s'ouvrent deux crevasses. La premi\u00e8re tentative sur la fissure de gauche (via Malag\u00f3n, degr\u00e9 V\u00ba) \u00e9choue apr\u00e8s deux tentatives de Teo et une de Ricardo. Le tour suivant revient \u00e0 Ricardo, qui tente sa chance dans la fissure droite. Il r\u00e9ussit mais l'effort le laisse \u00e9puis\u00e9. La longueur suivante est la fameuse longueur o\u00f9 il doit surmonter le bloc encastr\u00e9. Teo r\u00e9ussit \u00e0 le surmonter, en faisant un grand effort au cours duquel il se demande m\u00eame \"Mon heure est-elle venue ?<\/em>. Une fois le col franchi et tous deux r\u00e9unis, ils d\u00e9vorent une orange sans la peler pour reprendre des forces. Dix ou douze m\u00e8tres faciles les m\u00e8nent au sommet de la crevasse et ils atteignent enfin le sommet. \"Et quel sommet ! En s'y tenant, on se croit immat\u00e9riel et en apesanteur, telle est la sensation de son \u00e9troit sommet, sur lequel on doit se tenir ou se tenir \u00e0 califourchon\".<\/em>. Cela n'a rien d'exag\u00e9r\u00e9. L'auteur, qui a pos\u00e9 le pied sur le sommet en 2004, n'en a jamais vu d'autre comme celui-ci.<\/p>\n\n\n\n Au sommet, ils placent une bo\u00eete aux lettres s\u00e9curis\u00e9e par des pierres qui serviront plus tard de test (un journal local \u00e9crira peu apr\u00e8s que la falaise que ces gar\u00e7ons ont escalad\u00e9e est en fait celle connue aujourd'hui sous le nom de Gran Galayo), et ils entament une descente d\u00e9licate de la face sud au cours de laquelle ils doivent effectuer de nombreux rappels, travers\u00e9es et rappels, en raison de la corde utilis\u00e9e, qui ne mesure que 20 m\u00e8tres de long. Pour ne rien arranger, ils sont surpris au cours de la descente par une averse qui les oblige \u00e0 s'arr\u00eater pendant une demi-heure. Les sandales ont gliss\u00e9 sur la roche mouill\u00e9e et ils ont d\u00fb attendre qu'elle s\u00e8che, \u00e9crit Teo. Au final, treize heures d'activit\u00e9.<\/p>\n\n\n\n Si vous l'avez appr\u00e9ci\u00e9, vous pouvez trouver l'article original et complet en ligne \u00e0 l'adresse suivante num\u00e9ro 236 du magazine Pe\u00f1alara<\/a>\u00e0 la page 324 du fichier .pdf, \u00e0 la page 216 du magazine original. En plus de l'histoire, vous pouvez voir le croquis de cette ascension.<\/p><\/div>\n\n\n\n <\/p>\n\n\n\n Et si vous en voulez encore, voici un extrait de 7 minutes du reportage de 1983 \"Los Galayos, hommage aux premiers galayistes\", dans lequel Teo parle de cette ascension.<\/p>\n\n\n\n
R\u00e9cit de Te\u00f3genes sur la premi\u00e8re ascension du Torre\u00f3n de los Galayos.<\/h2>\n\n\n\n
