GR11 en 12 jours : le voyage en autosuffisance de Fernanda Maciel
Les PyrĂ©nĂ©es et les montagnes đ©
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Il y a ceux qui rĂȘvent d'un FKT et ceux qui ont simplement besoin de se dĂ©placer rapidement et lĂ©gĂšrement pour se sentir chez eux. Fernanda Maciel a choisi le GR11 pour cela : 12 jours et 12 heures du golfe de Gascogne Ă la MĂ©diterranĂ©e, seule, avec juste ce qu'il faut sur le dos et sans qu'aucune camionnette ne la suive dans chaque vallĂ©e. Elle raconte cette histoire dans une conversation avec Jordi : un athlĂšte qui Ă©tait avocat spĂ©cialisĂ© dans l'environnement et qui a fait des PyrĂ©nĂ©es son Ă©cole d'endurance et d'humilitĂ©.
L'histoire complÚte a été partagée dans le Chaßne de podcasts des Jorditoms "Empreintes sur la montagne" Podcast avec Jorditoms et Javier "Nous avons rassemblé ici les idées les plus intéressantes issues de la conversation.
Qui est Fernanda Maciel et pourquoi a-t-elle choisi le GR11 ?
Juriste en environnement de formation, elle a abandonnĂ© sa carriĂšre pour se consacrer Ă la course Ă pied. Elle s'est installĂ©e dans les PyrĂ©nĂ©es il y a plus de dix ans et y a commencĂ© Ă participer Ă des ultras. Pour elle, courir le GR11 n'Ă©tait pas un FKT classique, mais un voyage intĂ©rieur : "Je ne voulais pas de camping-car derriĂšre moi, ni de camĂ©ras, ni d'Ă©quipe qui me surveille. Je voulais zĂ©ro stress et un maximum de connexion". [đ Voir la minute 00:00 de la vidĂ©o]
Fernanda se dĂ©finit simplement : Ă©nergie, courage, mouvement. Il ne parle pas de records mais de style : "mon truc, ce n'est pas de faire une course parallĂšle, c'est de passer lĂ oĂč les autres marchent, mais en courant, parce que c'est comme ça que je sens la montagne". C'est pourquoi il a Ă©galement dĂ©cidĂ© de autosuffisanceJe ne voulais pas de camĂ©ras, ni d'horaires imposĂ©s par une Ă©quipe, ni de la logistique qui transforme une traversĂ©e en tournage. Je voulais contrainte nulle et connexion maximale. Cette dĂ©cision conditionne tout le reste : comment vous mangez, quand vous courez, quel poids vous prenez, comment vous digĂ©rez la peur.
Stratégie de programmation : fonctionnement la nuit
Les orages d'Ă©tĂ© dans les PyrĂ©nĂ©es ont donnĂ© le rythme. Fernanda a commencĂ© Ă minuit, puis Ă 2-3 heures du matin, s'arrĂȘtant en milieu d'aprĂšs-midi pour Ă©viter les Ă©clairs et la chaleur. La nuit, elle se sentait plus fraĂźche et plus concentrĂ©e, mĂȘme si elle se perdait plus souvent. [đ Voir la minute 38:49 de la vidĂ©o]
Les stratĂ©gie d'emploi du temps Ă©tait chirurgical et trĂšs pyrĂ©nĂ©en. Les premiers jours, il partait Ă minuit. 2-3 heuresafin de pouvoir arrĂȘt en milieu d'aprĂšs-midi et d'Ă©viter les orages d'Ă©tĂ© qui Ă©clatent lorsque la journĂ©e est dĂ©jĂ lourde. La nuit, dit-elle, elle est plus fraĂźche et sa tĂȘte se concentre mieux ; elle se dĂ©place Ă un rythme rĂ©gulier, mĂȘme si cela l'oblige Ă se lever pour aller Ă l'Ă©cole. courir avec une lampe frontale et de se perdre plus d'une fois.
Quand les Pyrénées s'illuminent d'éclairs
Dans un village, il a Ă©tĂ© averti d'une tempĂȘte de niveau maximal. L'abri se trouve Ă 15 km et il n'y a nulle part oĂč dormir. Le rapport officiel dit "restez Ă l'intĂ©rieur" ; la carte mentale dit "j'ai 15 Ă 18 km Ă parcourir et il n'y a nulle part oĂč dormir". Dans ce bras de fer, la dĂ©cision est pratique : bĂątons pliĂ©s Ă l'intĂ©rieur du sac Ă dos ne pas ĂȘtre un paratonnerre ambulant, un profil bas, des vĂȘtements qui couvrent et une variante par piste pour nĂ©gocier des chemins qui sont devenus des torrents. "J'avais peur, trĂšs peur. [đ Voir la minute 43:39 de la vidĂ©o]
Du plan A au plan réel
Le Plan A a durĂ© le temps d'une respiration. Je voulais un dĂ©but solide pour 90 kmLa montagne - et son estomac - est le meilleur moyen d'atteindre le sommet. La montagne - et un estomac avec diarrhĂ©e due Ă l'eau non filtrĂ©e- lui a rappelĂ© une Ă©vidence : le plan est toujours le premier Ă tomber. Les jour 2 a sĂ©journĂ© 46 km. Elle a annulĂ© des rĂ©servations, cessĂ© de poursuivre un agenda et adoptĂ© une logique trĂšs voyageuse : dormir lĂ oĂč l'on peut dormir et manger ce que l'on peut manger [đ Voir la minute 27:04 de la vidĂ©o]. Le premier jour, d'ailleurs, a Ă©tĂ© un catalogue de crampes Ă©tranges : cou, mains, diaphragme. Il le dit sans Ă©popĂ©e, presque avec un humour fatiguĂ©.
Manger pour ĂȘtre autonome
Dans ce contexte, manger signifie la vraie nourriture. Sandwichs dans le sac banane pour ne pas porter tout le poids sur le dos ; chocolat comme refuge ; Ă©lectrolytes afin de ne pas ĂȘtre vidĂ©e par la sueur ; BCAA avec glutamine pour maintenir les muscles et le systĂšme immunitaire en bonne santĂ© [đ Voir la minute 58:08 de la vidĂ©o]. Pas de menu de course : ici, ce sont de longues heures de marche et de course, des passages techniques qui obligent Ă mĂącher et des vallĂ©es qui dĂ©vorent tout schĂ©ma prĂ©conçu.
Poids et matériau : de 5,3 kg à 4,8 kg
Il est parti avec 5,3 kg de matĂ©riel, mais la chaleur lui a permis de se dĂ©lester de ses vĂȘtements et de rester aux alentours de 4,8 kg. La dĂ©cision la plus difficile Ă prendre : ne pas emporter d'appareil satellite pour Ă©conomiser du poids et des piles. Il a dĂ» privilĂ©gier le tĂ©lĂ©phone portable, la lampe frontale, la montre et la GoPro dans les prises contestĂ©es des refuges.
Le poids Ă©tait une nĂ©gociation quotidienne avec le thermomĂštre. Il est sorti avec 5,3 kg (impermĂ©able en haut et en bas, un primaloft, deux couches longues, deux fronts), mais en voyant la chaleur a jetĂ© des vĂȘtements et s'est refermĂ©e sur 4,8 kg [đ Voir la minute 30:59 de la vidĂ©o]. DĂ©cidĂ© de ne pas porter dispositif satellitaireJe devais dĂ©jĂ recharger mon tĂ©lĂ©phone portable, ma montre, ma lampe frontale et ma GoPro ; dans les refuges, il y a peu de prises et il faut se bousculer. Minimaliste oui, mais avec des critĂšres de sĂ©curitĂ©Le Gore-Tex est restĂ© en place mĂȘme si nous Ă©tions en juillet, car une longue pause sous la pluie peut refroidir n'importe qui.
Quand le corps dit que c'en est assez
Il arrive un moment oĂč les la tĂȘte dit que trop c'est trop. "Je vais m'Ă©vanouir", pense-t-elle, et elle cherche Ă se mettre Ă l'abri pour alerter son partenaire et envoyer une localisation. Il n'y a pas de signal. Deux jeunes filles apparaissent sur la crĂȘte ; elle leur demande, si elle s'allonge, de rester un moment pour la surveiller. Elle s'exĂ©cute : elle s'allonge, respire longuement, se laisse aller quelques minutes. L'un d'eux lui offre une boule Ă©nergĂ©tique de riz et de sĂ©same. Cela suffit pour qu'elle se rende au refuge, s'asseoir en silence pendant deux heures, se vider l'esprit et repartir le lendemain avec une nouvelle lumiĂšre dans le corps. [đ Voir la minute 20:35 de la vidĂ©o]. Plus tĂŽt, Ă un autre moment du voyage, son Ă©motion dĂ©borde : il pleure de frustration et de fatigue. Il parle d'un taux de cortisol trĂšs Ă©levĂ©, d'un manque de sommeil, d'un dysfonctionnement visuel qui l'oblige Ă lire les marques avec plus d'effort. Et puis, une autre dĂ©cision simple : respirer. Inspirer longuement, soutenir, expirer longuement, baisser le volume du systĂšme nerveux et revenir Ă la normale. L'autonomie, c'est aussi cela : savoir s'arrĂȘter et avoir les ressources pour revenir.
Beauté et peur dans la Faja de las Olas (ceinture de vagues)
Les meilleurs jours sont faits de beautĂ© et de peur. Ordesa Il lui semble que c'est un théùtre de pierres et de fleurs, un endroit oĂč il reviendrait juste pour regarder. Mais l'accĂšs par le Ceinture ondulĂ©e ce jour-lĂ , c'Ă©tait autre chose : beaucoup de eau sur roche polieLa derniĂšre minute, l'orientation dĂ©licate, l'exposition qui oblige Ă mesurer chaque appui et la certitude que ce n'est pas la peine de sortir l'appareil : "Je n'ai pas de clichĂ© lĂ , j'ai eu peur". [đ Voir la minute 40:19 de la vidĂ©o]. En fin de compte, les descentes "au cul", lorsque les jambes ne sont plus utiles, sont aussi humaines qu'efficaces. Plus Ă l'ouest, il recommande la RĂ©gion de Respomuso-Tebarray-SallentElle est "trĂšs dure, mais trĂšs belle".
Rencontres nocturnes et hallucinations
La faune a son propre scĂ©nario. La derniĂšre nuit, trois sangliers passent devant le front en direction du Cap de Creus ; la frayeur est partagĂ©e et chacun suit son propre parcours. [đ Voir la minute 36:18 de la vidĂ©o]. A Canfranc, Ă l'aube, elle voit "un village" de lumiĂšres qui n'en est pas un : ce sont les yeux des moutons qui la regardent. Parfois, avec le sommeil accumulĂ©, les hallucinations arrivent : une route qui est une riviĂšre, un cheval qui n'Ă©tait pas lĂ . PhĂ©nomĂšnes normaux dans les longs ultras, lorsque le corps demande Ă se coucher et que l'on choisit de continuer.
Durée finale : 12 jours et 12 heures
Qu'en est-il de la heure de fin? Saviez-vous qu'avec de l'aide vous Ă©tiez descendus de 12 jours et que, sans assistance, il y avait des marques dans 16. Il a enfilĂ© un Ă©ventail honnĂȘte - "entre 11 et 16" - et a traversĂ© en 12 jours et 12 heures malgrĂ© les diarrhĂ©es, les coupures aux pieds, les mauvaises nuits et les tempĂȘtes [đ Voir la minute 25:24 de la vidĂ©o]. Ce n'est pas le nombre qui est remarquable, c'est la style. "Je suis plus fiĂšre d'avoir essayĂ© de cette maniĂšre que du rĂ©sultat", dit-elle.
La formation qui l'a soutenue
DerriĂšre, il y a formation avec une tĂȘte. Une fois par semaine, une longue descente technique comme Chamonix : montĂ©e ~1.500+ et infĂ©rieur ~1,500- en pensant Ă la ligne des orteilsafin que votre cerveau ne s'arrĂȘte pas et ne se torde pas la cheville lorsque vous manquez d'attention. En outre, deux sĂ©ances de VO2maxet une faible surface fonctionne et une sortie de vĂ©lo force-endurance [đ Voir la minute 55:39 de la vidĂ©o]. Il n'y a pas que du cĆur et des muscles, il y a aussi beaucoup de cĆur et de muscles. la capacitĂ© de dĂ©cider lorsque le corps est en pilotage automatique.
Humilité et femmes en montagne
"Passer des heures seul dans la nature vous apprend qui vous ĂȘtes : le bon et le sauvage. Pour les femmes, commencer accompagnĂ©es et dans des environnements sĂ»rs est un chemin vers plus de confiance. La montagne nous rappelle que nous ne sommes jamais maĂźtres de la situation. [đ Voir la minute 1:04:37 de la vidĂ©o]
Ressources pour préparer le GR11
Si vous envisagez de faire la traversée transpyrénéenne, ces documents peuvent vous aider :
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