Le chemin vers le bas
Micro-histoires de la troisième édition du concours : Histoires de haute altitudenous vous laissons profiter avec Le chemin vers le basde Juan Peláez Gómez, lauréat du premier prix du concours de micro-récits., Histoires à dormir debout III.
Le chemin vers le bas
-par Juan Peláez Gómez-.
Elle s'abaissait au fur et à mesure qu'elle s'élevait. Je pouvais le voir à chaque étape de l'existence.
La corde, en passant dans le mousqueton, lui transmet une singulière légèreté. Un triangle de forces à la rencontre, lui, le passé et son oubli. Les souvenirs s'effacent, griffent ses doigts lorsqu'il les retrouve.
Sur ce mur, en haut, un sol d'étoiles. Loin sous ses pieds de chat, des ciels de forêts et de mélancolie. Au pied de la piste, à une distance incalculable, les chuchotements d'eux, d'elle.
Quand enfin, le caporal passa le mousqueton, coup de fouet de la solitude. Je le savais. Un jour, de l'autre côté de la corde, des moins que rien, au pluriel dévastateur. Il avait perdu ses semblables au cours de ses innombrables années de vie. Elles lui semblaient déjà sans éclat, sans lumière, sans rire, sans alpinisme et sans intimité.
Le dernier sommet arrive toujours. L'ascension se fait alors dans la plus profonde des solitudes.